Entre valises pleines de souvenirs et cicatrices invisibles, Consignés à vie raconte le voyage intime et universel de jeunes venus d’ailleurs, qui apprennent à dire, à jouer et à transmettre ce qu’on emporte — et ce qu’on laisse — quand on traverse le monde.
Note d’intention
D’un côté, la Gare Saint-Lazare, le monument aux valises et le mystère de savoir ce qu’elles contiennent.
De l’autre, un groupe de jeunes entre 17 et 26 ans venus du Mali, de l’Algérie, du Maroc, du Sénégal, des Comores, de la Mauritanie, du Cameroun, de la Tunisie, et arrivés en France depuis un an environ.
Qu’ont-ils emporté dans leurs valises pour venir ici ? Qu’ont-ils décidé de laisser ? Que peut-on emporter avec soi lorsqu’on quitte un pays, une maison ? Que ne veut-on surtout pas oublier ? Quel souvenir, quelle preuve veut-on garder avec soi ? Qu’emporte-t-on malgré soi ?
De ces interrogations est né ce spectacle.
On emporte des preuves de notre passé, des attaches : une photo, un morceau de tissu, une pierre, un jouet, un carnet… On en laisse d’autres, pour oublier…
Mais il est des souvenirs qui ne s’oublient pas, qu’on emporte malgré nous. Et ces souvenirs-là laissent une trace dans la mémoire, une cicatrice.
Les cicatrices sur le corps sont reliées à un souvenir qu’on ne peut oublier. Qui n’a pas de cicatrices sur la peau ? La première est celle du nombril. Etre en vie laisse une trace, au ventre. Trace de notre histoire, de notre chemin, de notre lien.
Les cicatrices physiques évoluent au fil du temps, elles peuvent changer de couleur ou de forme, elles peuvent diminuer jusqu’à même s’effacer… Mais leur aspect définitif reste imprévisible.
Il en est de même pour les souvenirs. Ils se transforment avec le temps ou s’effacent à jamais.
En grandissant, d’autres événements nous traversent. Quelle trace nous laisseront-ils ?
On ne peut pas décider à l’avance du souvenir que l’on va garder.
Pourtant, que peut-on bien avoir envie de consigner à vie ?
Que contient notre propre valise ?
Nous est-il possible de l’ouvrir à nouveau ?






Contexte
Les participants sont des jeunes entre 17 et 26 ans arrivés en France depuis peu.
Ils suivent une formation au CNA-CEFAG, dans le cadre du Pôle de mobilisation de l’Est Parisien, avec un soutien linguistique assuré par le CEFORP. Pour s’orienter et préparer leur entrée en formation professionnelle ou sur le marché du travail, ils suivent des cours de remise à niveau, préparent leur projet professionnel, et s’immergent dans le monde du travail par le biais de stages en entreprise.
La formation théâtre intervient pour mettre en mouvement les stagiaires, dénouer mots et gestes, jouer des situations, donner confiance. La préparation d’un spectacle ambitieux joué devant un public invité (formateurs, travailleurs sociaux, professionnels du spectacle, jeunes en formation…) permet à la formation théâtre d’avoir un impact plus fort sur les jeunes.
Une telle démarche s’appuie sur un partenariat étroit avec l’organisme de formation principal pour le parcours des jeunes : le CNA-CEFAG.
Extrait
Je voulais traverser la forêt, aller de l’autre côté.
En m’approchant des premiers arbres, je vis qu’un lion me regardait.
Il attendait que je me rapproche un peu pour me dire :
– Eh, toi, le petit, si tu passes par là, je vais te manger !
– Et pourquoi tu vas me manger, hein ? Je n’ai pas peur de toi !
J’avais un peu peur quand même, alors j’ai ramassé une pierre, j’ai visé sa tête et j’ai lancé de toutes mes forces.
Le lion a ouvert sa gueule et il a croqué la pierre.
– Tu as vu comment j’ai croqué la pierre ? Si tu passes par là, je vais te faire pareil !
Alors j’ai voulu prendre un autre chemin. Mais partout où j’allais, le lion était là.
J’allais à droite, il y allait…
J’allais à gauche, il y allait…
Il fallait pourtant que je traverse !
J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai couru, j’ai couru, le plus vite possible…. jusqu’à ce que je traverse la forêt, presque sain et sauf.
Le lion n’avait eu que le temps de m’attraper à la cheville.
Même si j’ai une cicatrice depuis, je sais maintenant que je peux courir plus vite que les lions.
Extrait de presse
« …les comédiens se produisant pourtant pour la première fois sur les planches, maîtrisent leur jeu comme leurs émotions… »
Engagé dans la réinsertion, l’étonnant Théâtre de l’Imprévu, Joël Plantet, Lien social du 2 décembre 2004.

Pour plus d’informations :
Équipe artistique

Amélie Armao
Conception & Mise en scène
Assistantée par Justine MATTIOLI